Photo Credit: © Imen Meliane/UNDP
Par Kulthoum Omari-Motsumi
Madame Kulthoum Omari-Motsumi est conseillère spéciale de l'Initiative pour l'adaptation en Afrique et auteur d'une contribution au sixième rapport d'évaluation du GIEC sur les impacts, l'adaptation et la vulnérabilité. Elle explique pourquoi le rapport du GIEC est un appel à l'augmentation du financement de l'adaptation en Afrique.
Le récent rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) des Nations unies nous a rappelé une fois de plus à quel point des millions de personnes à travers l'Afrique sont extrêmement vulnérables aux effets du changement climatique, avec une insécurité alimentaire et hydrique croissante, des effets néfastes sur la santé et le bien-être, le déplacement de communautés et la limitation du développement.
Le rapport souligne également que le financement actuel de l'adaptation en Afrique est insuffisant pour répondre aux besoins croissants des pays africains. Les coûts d'adaptation devraient augmenter rapidement, à mesure que les températures augmentent en raison du changement climatique. On estime que le coût de l'adaptation passera d'environ 20 à 50 milliards de dollars par an pour un réchauffement de 1,5°C, à plus de 100 milliards de dollars par an pour un réchauffement de 4°C d'ici 2050. D'autre part, quel est le montant du financement de l'adaptation pour les pays africains ? La difficulté de répondre à cette question est due en partie au manque de connaissances, à l'insuffisance des données, à la diversité des méthodologies et aux incohérences dans la communication du financement de l'adaptation. Toutefois, certains progrès ont été réalisés. Le financement de l'adaptation a connu une tendance positive ces dernières années, mais il est loin de répondre aux besoins des pays africains. L'OCDE estime qu'entre 2016 et 2018, une écrasante majorité des financements climatiques suivis ont été consacrés à l'atténuation en Afrique, une part beaucoup plus faible (33 % des financements climatiques) visant l'adaptation, soit entre 2,7 et 5,3 milliards de dollars par an. En outre, les données de l'OCDE entre 2014-2018 indiquent qu'environ 57% du financement de l'adaptation a été fourni sous forme de prêts, contre 42% de subventions.
Le problème actuel du financement de l'adaptation n'est pas seulement un niveau de financement insuffisant, mais aussi l'accès aux fonds a posé des défis importants pour de nombreuses communautés vulnérables. Les défis comprennent la capacité limitée à développer des projets bancables, des processus d'accréditation longs et compliqués et des normes institutionnelles et fiduciaires inadéquates pour répondre aux exigences de financement. Dans certains cas, même lorsque les pays ont accès au financement, une partie importante est consacrée aux activités de préparation visant à renforcer l'appropriation nationale et le développement institutionnel. Cependant, compte tenu des besoins, le financement de l'adaptation doit aller au-delà de la préparation et des projets à petite échelle pour financer des projets concrets et le développement de pipelines. C'est pour cette raison que les chefs d'État africains ont créé l'Initiative pour l'adaptation en Afrique (IAA) afin de renforcer la collaboration en matière d'adaptation sur le continent en soutenant des actions d'adaptation concrètes sur le terrain et en comblant le déficit de financement de l'adaptation. Avec ses partenaires, l'IAA soutiendra la mise en œuvre d'un certain nombre de programmes phares sur le continent qui répondent aux besoins urgents d'adaptation.
En 2009, les pays développés se sont engagés à financer le climat à hauteur de 100 milliards de dollars par an d'ici 2020, un objectif qui devrait être atteint d'ici 2023. Lors de la COP de l'année dernière, l'engagement a été pris de doubler le financement de l'adaptation d'ici 2025. Le dernier rapport du GIEC nous a envoyé un message clair : la fenêtre pour agir se referme rapidement. La COP27, la COP africaine, offre une nouvelle occasion à la communauté internationale d'agir et d'augmenter le financement de l'adaptation pour les communautés les plus vulnérables du monde, non seulement par des promesses mais aussi par des actions concrètes. Le monde ne peut plus reporter la transformation des promesses en actions, car c'est littéralement une question de survie.